Cette loi, définitivement adoptée le 8 février dernier, a pour ambition de rattraper le retard de la France en termes de développement d’énergies renouvelables. «L’enjeu de ce texte est de lever tous les verrous qui retardent le déploiement des projets » a expliqué Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. Pour autant, les principales mesures du texte sont considérées comme insuffisantes selon les industriels du secteur.
Crédits : James Wheeler
La France est le seul pays de l’UE à ne pas avoir atteint ses objectifs de développement des EnR alors qu’elle bénéficie d’un contexte géographique qui se prête au développement de ces énergies : régions ensoleillées, façades maritimes, vent, montagnes et grands espaces…
Il y a en effet urgence à agir : les sources d’énergie renouvelable ne représentaient que 22% de la production d’électricité en France 2021 — aux côtés du nucléaire historique — un taux encore bien éloigné des 40% fixés à 2030.
Début juin 2022, 19 GW de puissance étaient installés pour l’éolien et plus de 13 GW pour l’énergie solaire. L’objectif est de multiplier par dix la capacité de production d’énergie solaire d’ici 2050, pour dépasser les 100 gigawatts (GW) de puissance installée, et de déployer 50 parcs éoliens en mer pour atteindre les 40 GW de puissance installée. Si on peut d’ailleurs se réjouir que l’éolien et le solaire dépassent aujourd’hui le gaz dans la production d’électricité européenne, on ne peut pas dire que la France y a énormément contribué.
C’est d’autant plus dommage que notre mix électrique nous permet dès aujourd’hui d’incorporer 40% de production d’énergie intermittente sur notre réseau sans remettre en question sa stabilité. Rappelons également que le secteur des EnR est bien capitalisé, possède un énorme savoir-faire, et souhaite être plus actif sur le territoire, là où les installations sont majoritairement bien accueillies, même si l’éolien fait débat.
Or, cette loi élaborée en dehors du secteur, ne permet pas :
- d’accélérer les délais d’instruction : Les délais nécessaires au déploiement de nouvelles unités de production d’énergies renouvelables s’élèvent aujourd’hui en moyenne à cinq ans pour un parc solaire, sept ans pour un parc éolien terrestre et dix ans pour un parc éolien maritime.
- d’encadrer les délais de recours : rien sur la question.
- de simplifier les procédures : Le Syndicat des énergies renouvelables parle d’une loi introduisant de la complexité, voire des freins.
Par exemple, les « zones d’accélération » de l’éolien mettront au moins 4 ans à se mettre en place en calculant les délais cumulés des innombrables procédures nécessaires. Par ailleurs, le texte reste assez flou sur les moyens concrets mis en œuvre pour faciliter leur développement à l’intérieur de ces zones d’accélération, qui ne pourront d’ailleurs pas être incluses dans les parcs nationaux et les réserves naturelles.
Somme toute, ce texte ne répond pas à ses objectifs alors même que les EnR (particulièrement le solaire et l’éolien) peuvent rapidement redistribuer la valeur qu’elles ont contribué à créer en produisant une électricité bas carbone, souveraine, et peu chère.