Le plan eau du gouvernement : notre réaction



Le gouvernement a annoncé le 30 mars 2023, un plan pour l’eau en réponse à l’augmentation de la sécheresse sur le territoire. Rappelons-nous que l’été dernier, rappelons que près de 700 villages ou petites villes ont souffert de pénuries d’eau potable, chiffre qui à l’époque avait été minoré. À date, nous avons vécu l’hiver le plus doux et le sec jamais enregistré. Il était donc temps de s’intéresser à l’or bleue.

Que propose le plan ?

  • un “Ecowatt de l’eau” pour les particuliers, instrument de mesure similaire à celui utilisé pour l’électricité ;
  • une tarification adaptée en fonction de la quantité d’eau utilisée ;
  • une réduction des fuites des réseaux par une augmentation du budget alloué et un plan de réutilisation des eaux usées fixé à 10% d’ici 2030.

Le plan présenté en grande pompe semble avoir exhumé tout ce qui trainait au fond des placards depuis bien longtemps. En effet, un chantier opérationnel a été lancé après l’été 2022. Après une phase de consultations avec les acteurs, puis de concertations, les travaux et de leurs conclusions ont été remises à Bérangère Couillard, secrétaire d’État à la Transition écologique. Des conclusions dont se félicite la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) dans sa lettre publiée en mars dernier. Ce lobby influent a participé activement aux groupes de travail et pousse ses pions depuis des mois : avant la présidentielle de 2022, ce syndicat patronal avait présenté aux candidats son «programme ». La « feuille de route » toute tracée n’a pas changé depuis.

La dernière grande loi sur l’eau date de 2006. Depuis, les effets du changement climatique sur le cycle hydrologique se font sentir, beaucoup plus puissamment et rapidement qu’on ne le pensait il y a encore quelques années. La gestion de l’eau à la française, qui a vu le jour à l’orée des années soixante, doit donc être revue profondément. Ce qui imposerait notamment de mettre au premier rang des discussions la question explosive de l’évolution du modèle agricole, principal consommateur d’eau.

Attardons-nous un instant sur les agences de l’eau, preuve (puisqu’il en faut encore) que nous subissons des politiques qui ne servent aucune vision, aucune stratégie de long-terme, si ce n’est celle de démanteler nos services publics sur l’hôtel du dogme de l’austérité budgétaire. Le gouvernement annonce pour les agences de l’eau, 180 millions d’euros par an d’aides supplémentaires conditionnées à des objectifs de performance de gestion de leur patrimoine. Une situation cocasse quand on se rappelle qu’en 2018, l’État siphonnait le budget des agences de l’eau pour un montant un peu plus élevé.

Ce plan de réduction demeure donc très insuffisant au vu des enjeux. Les annonces du gouvernement sont une fois de plus vagues et non contraignantes. Le sujet pourtant central de la bétonisation galopante n’est pas mentionné, tandis que des projets tels que les méga-bassines voient le jour (financées à 70% par de l’argent public) alors qu’ils nous font courir des risques de maladaptation. Face à ces sujets, deux visions se confrontent : court-termisme et viabilité économique d’un côté et préservation de la ressource en eau de l’autre.

Au vu de ces annonces, Équinoxe doute de l’efficacité de ce plan et propose :

  • un investissement massif dans la réutilisation des eaux usées (dans l’idée d’atteindre au plus vite une réutilisation quasi-complète, comme cela a lieu en ce moment en Israël).
  • aller plus loin dans la réduction des prélèvements et la consommation d’eau en fixant des objectifs plus ambitieux pour l’ensemble des acteurs.
  • imposer en fonction de leur taille, un pourcentage minimal de revêtements perméables dans les villes. Idéalement, 25% de la surface urbaine, ce qui permettrait une meilleure infiltration de l’eau dans les sols.
  • un plan massif et financé de rénovation du réseau d’eau potable afin de diminuer les pertes par fuite d’eau.



📚 Sources :

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