Le patrimoine forestier français a connu une expansion forte et continue depuis 150 ans et atteint désormais une surface équivalente à 31 % du territoire métropolitain. Cependant, une grande partie de cette surface ne sont pas des forêts à proprement parler, mais des plantations en monoculture qui ne sont pas résilientes, offrant peu de bénéfices pour le climat et la biodiversité.
Avec 190 essences d’arbres, la forêt française compte près de 75% de toutes les essences présentes en Europe, ce qui est considérable. Les forêts d’Outre-mer abritent pour leur part, la biodiversité la plus riche des forêts françaises. Si on peut se féliciter que le niveau de boisement soit équivalent à celui du 15e siècle, ne nous y trompons pas. La monoculture représente 80% de la “forêt plantée” métropolitaine, les massifs sont jeunes et faibles, 50% des arbres ont moins de 60 ans et, seulement 20% des arbres ont plus d’un siècle.
Si les experts de l’IGN, l’ONF et l’OFB savent faire la différence, la nomenclature ne la fait pas. Comme indiqué sur la figure ci-dessus, seulement 53% du couvert forestier compte plus de 2 essences. Les 47% restants ne méritent pas, à notre avis, la dénomination de “forêts”. En effet, confondre les forêts, qui sont des écosystèmes riches en biodiversité végétale, fongique et animale, avec des « plantations d’arbres » (notamment de résineux) dont les sous bois sont inexistants, les sols dévastés, et les coupes rases planifiées avant l’arrivée à maturité, nous semble trompeur.
Ce n’est donc pas un hasard si globalement nos “forêts” ne sont pas en bon état. À titre d’exemple, la forêt française a absorbé selon les dernières données officielles, environ 7,5 % des émissions nationales. C’est deux fois moins que dix ans plus tôt (57,7 Mt CO₂). Depuis 1990, hors tempête, ce chiffre n’a été plus faible qu’à une seule reprise, en 2019 (– 30,1 Mt CO₂). Le Haut Conseil pour le climat est l’un des premiers organismes à s’être alarmé, dans son rapport de juin 2022, de la « dégradation significative de la capacité des forêts à capter du carbone ».
En métropole, 75% d’entre elles sont privées. Cela signifie que sans une politique volontariste, il sera difficile d’assurer une gestion durable, d’autant plus importante que les forêts interviennent à plusieurs titres dans l’équation climatique. Elles sont utiles pour l’atténuation (en stockant de carbone) et pour l’adaptation (en jouant un rôle de régulateur climatique, dans le cycle de l’eau, des sols et de la biodiversité). Au-delà des forêts françaises, notre consommation a surtout des impacts sur d’autres forêts du monde. Selon Envol Vert, l’empreinte forêt moyenne d’un français est 352m2 et se répartie comme suit :
- 58 % via la consommation indirecte de volailles et oeufs principalement.
- 10 % via la consommation de cuir, notamment pour les chaussures.
- 10 % via la consommation d’agrocarburants.
- 6 % via la consommation de café.
- 4 % via la consommation de pneus.
Comme toujours, il existe des solutions pour réduire la déforestation, réhabiliter des espaces naturels, sortir de la monoculture, absorber plus de carbone et soutenir la biodiversité. En voici quelques unes :
- Je consomme local et de saison.
- Je réduis ma part de protéines animales.
- Je limite ma consommation de produits importés.
- Je m’assure d’utiliser des produits en cuir responsable.
- Je rejoins des associations de reforestation, d’achats de terres ou encore de forêts comestibles.
En matière de biodiversité, les actions que nous pouvons prendre ont systématiquement des co-bénéfices (elles n’agissent pas sur un seul problème de biodiversité), sont souvent bonnes pour le climat et au pire neutres. Pourquoi se contenter de régler un problème, quand on peut en régler plusieurs ?