Le Glyphosate, un arbre qui cache une forêt

La molécule de glyphosate, ingrédient du Roundup. © makaule


MISE À JOUR EN COURS :

Comme vous le savez peut-être, Équinoxe ne prétend pas avoir réponse à tout et reste ouvert à la remise en question, bien loin des postures idéologiques. C’est pourquoi à la suite de nouvelles informations transmises par des contradicteurs et des scientifiques de l’Inserm, nous avons décidé de rouvrir le dossier sur le glyphosate.

En effet, de récentes études remettent en question certaines de nos conclusions initiales, sous un angle que nous n’avions pas étudié. Cela nécessite une réévaluation du sujet. Dans les prochaines semaines, nous essaierons de vous présenter une analyse complète et à jour afin d’éclairer au mieux ce débat complexe.

Notre proposition sur la transition agricole reste et restera inchangée : il faut réduire notre dépendance aux intrants chimiques (pesticides comme engrais) et engager une transition agro-écologique.


Jeudi 16 novembre dernier, la Commission Européenne approuvait le renouvellement de l’utilisation du glyphosate pour 10 ans. Si certaines conditions et restrictions sont appliquées, cela ne suffit pas à calmer les ardeurs autour de ce sujet hautement inflammable… Décryptage.

Qu’est-ce que le glyphosate ?

Le glyphosate est un herbicide qui sert à tuer les « mauvaises » herbes — sous-entendu toutes les plantes non cultivées — qui poussent en même tant que la culture.  Développé par Monsanto en 1974, il est commercialisé sous le nom de Roundup.

Le glyphosate est une substance active qui n’est jamais appliquée seule. Elle est ajoutée à des adjuvants (produits qui aident à son efficacité). Un agriculteur n’achète donc jamais du glyphosate pur, mais bien une formulation glyphosate + adjuvants.

En 2000, il entre dans le domaine public et d’autres entreprises le commercialisent, généralisant le nom de glyphosate. Cet herbicide est de loin le plus utilisé au monde de par son efficacité et son utilisation possible sur toutes les plantes.

Très critiqué pour sa potentielle dangerosité, il agite les débats depuis de nombreuses années. C’est notamment le cas du procès Johnson contre Monsanto, où un jardinier reprochait à la firme d’avoir développé un lymphome suite à l’utilisation du glyphosate. En 2018, la justice a donné raison au plaignant, ce qui n’a pas manqué de raviver les débats sur sa toxicité.

Les études réalisées

Les recherches scientifiques autour du glyphosate sont très nombreuses. Contrairement à une idée reçue, elles s’intéressent principalement à la santé des écosystèmes et non à la santé humaine. Bien moins d’études existent sur le sujet.

À ce jour, 14 études scientifiques (dont 13 publiées dans des revues à comité de lecture – peer reviewed) ont été réalisées entre 1993 et 2013 sur le lien entre le glyphosate et des cancers tels que le LNH (lymphome non hodgkinien) [1]. Parmi ces 13 études, une seule a été financée par Monsanto et donne une absence de corrélation entre le glyphosate et le cancer ; les autres études ont été financées par des fonds de recherche indépendants. Parmi celles-ci,  8 valident également cette absence de corrélation ; tandis que 4 ont montré une corrélation entre cancer et glyphosate. La 13ème n’a pu servir de base scientifique, faute de résultats concordants.

En 2018, une nouvelle étude(financée par les centres de recherche américains, indépendamment de Monsanto) à plus grande échelle et plus haut niveau de preuve a été réalisée et publiée aux États-Unis sur une cohorte de plus de 54 200 personnes, suivies pendant plus de 20 ans (de 1993 à 2005). Cette étude conclut à l’absence  de lien apparent entre le glyphosate et des tumeurs ou lymphomes.

En Juillet 2023, L’EFSA a publié sa dernière étude revue par les pairs sur les risques associés à l’usage du glyphosate. Elle confirme que l’application de glyphosate ne présente pas de risques pour la santé des écosystèmes analysés (niveaux de résidus trouvés conformes à la réglementation), à condition qu’il soit utilisé en quantités recommandées, soit en pré-ensemencement, soit après récolte sur les légumes à bulbes, à feuille et à tige [3]. Cette étude a servi de référence à la décision de l’Union Européenne sur la ré-autorisation du glyphosate pour les dix ans à venir.

Il n’y a pas de consensus scientifique sur l’impact du glyphosate sur la santé humaine des agriculteurs et des consommateurs. S’il y a un consensus sur la dangerosité, il n’y en a pas sur le risque (quantité d’exposition, répétitivité de l’exposition, effet cocktail avec d’autres herbicides/pesticides…) comme cela est bien expliqué dans cette vidéo de l’argumentarium.

Quelle est notre position ?

Nous aimerions nous en passer, mais pas possible en 3 ans comme certains l’avaient annoncé ou voulu (lien vers un article qui parle de cette impossibilité). L’attention médiatique fait qu’on porte souvent notre attention sur une partie du problème, sans réussir à le voir dans son intégralité. Pour changer, il faut opérer une transition. Qui propose, point par point une transition réaliste, si ce n’est nous ?

Voici notre programme. Des fiches détaillées seront bientôt disponibles à ce sujet sur notre site.

En conclusion

Le glyphosate, au même titre que les engrais, font aujourd’hui partie intégrante du modèle agricole actuel : un modèle industriel. Pour s’en passer et opérer la transition vers l’agro-écologie, il ne faut pas brûler les étapes. Ainsi, plus qu’une question d’interdiction pure et simple  les pesticides (et autres intrants) posent la question de comment allons-nous accompagner les agriculteurs à diminuer leur dépendance à l’égard de ces produits.

Pour y parvenir, il est indispensable d’accompagner les agriculteurs vers une transition agroécologique. Une manière de cultiver et de pratiquer l’élevage, qui favorise les processus naturels et la biodiversité dans les écosystèmes agricoles. Ces derniers étant en meilleure santé, ils deviennent plus résilients. Autrement dit, ils résistent mieux aux contextes de perturbations variées et imprévisibles liés au dérèglement climatique.


Si ce sujet vous intéresse, voici un lien vers le dossier complet que nous avons réalisé sur la question, ainsi que la version pdf ci dessous :


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