Vous l’avez peut-être remarqué en lisant nos contenus : Équinoxe revendique la pertinence de ses idées, et non une étiquette politique. Nous ne nous réclamons ni de la droite ni de la gauche. Pour certains, cette position relève au mieux de la naïveté, au pire de l’hypocrisie.
Des soupçons justifiés, et pourtant…
Nous comprenons ce préjugé : ni la porosité entre droite et gauche, ni l’idée de « troisième voie » dont certains se réclament, ne sont nouvelles. Cette idée fut mobilisée au XXe siècle par des groupes ou régimes politiques très différents : fascistes, sociaux-démocrates, communistes réformateurs, écologistes…
En prenant du recul, l’histoire nous apprend que la majorité des mouvements qui ont cherché à se défaire du clivage droite-gauche se sont finalement retrouvés plus à droite qu’au centre. Ce sont d’ailleurs les partis les plus conservateurs qui, les premiers, ont revendiqué ce positionnement. Dès la fin du XIXe siècle, on observe notamment en France un rapprochement entre des mouvements politiques qui s’opposent frontalement avec l’avènement du Boulangisme et un peu plus tard des anti-dreyfusards.
Et pourtant… s’arrêter à ce constat serait oublier que des mouvements qui transcendent le clivage gauche droite peuvent aussi être fertiles. L’exemple le plus frappant est sans doute celui du Conseil National de la Résistance : un groupe rassemblant tout l’éventail des positions politiques des communistes aux gaullistes, et qui a montré que les clivages politiques traditionnels pouvaient être dépassés au nom d’un intérêt supérieur.
Nous avons, tout comme eux, une bonne raison de mettre ce clivage de côté. Aujourd’hui, des enjeux inouïs se dressent devant nous : l’urgence écologique, la détresse sociale, la fuite en avant économique, l’emballement technologique, la crise de la démocratie… À contre-courant de la polarisation croissante entre la gauche et la droite, le pari politique d’Équinoxe est de réunir des personnes d’orientations diverses qui souhaitent véritablement répondre aux enjeux civilisationnels de notre époque.
Pourquoi ni droite ni gauche
Aujourd’hui, presque personne n’a la même définition de la droite et de la gauche. Comment est-il possible qu’un clivage pourtant structurant soit source de tant d’interprétations différentes ? Ne peut-on pas être plus clairs ?
En effet, ce problème sémantique nourrit des problèmes de raisonnement. S’il y a la gauche d’un côté et la droite de l’autre (selon les définitions qui nous arrangent), il y a forcément un bon et un mauvais côté. C’est pratique ! Plutôt que de débattre, point par point, mesure par mesure ou même concept par concept, on acclame ou rejette d’un seul bloc une personne, un journal, une radio ou même un mouvement tantôt affilié à gauche, ou à droite selon la grille de lecture que l’on a. C’est le cas avec France Inter et Emmanuel Macron : de droite pour les uns, de gauche pour les autres.
Si les positionnements politiques gauche/droite s’égarent, c’est non seulement parce qu’ils offrent ce que nous critiquons : du prêt à penser ; mais aussi parce qu’ils sont hérités d’un temps révolu : celui de la croyance en l’existence de ressources inépuisables ; celui où l’on ne “calculait” pas l’environnement et les effets de notre emballement ; celui où l’on pensait la nature inaltérable, capable d’encaisser sine die extractivisme et pollution, hubris et artificialisation. Disons-le, “gauche” et “droite” sont des positionnements de l’Anthropocène.
Face à cette impasse, Équinoxe tente de bâtir un projet solide et désirable pour le futur. Les limites planétaires ne sont prises en compte que de manière inégale (et, disons le, insuffisante) par les partis politiques actuels, alors que la situation devrait nous obliger à penser une transformation radicale, cohérente et pragmatique de notre système économique et social. C’est par rapport à ce constat que nous nous positionnons, et non par rapport aux anciens clivages.
Bien sûr, les fondateurs d’Équinoxe auraient pu affubler le parti de diverses étiquettes au gré de leurs préférences politiques (gauche, droite, humaniste, progressiste, conservateur, européiste, keynésien… faites votre choix). Mais ces étiquettes auraient enfermé le mouvement dans des cases, et restreint par avance ses propositions : difficile d’être aujourd’hui de gauche et pour le nucléaire. Encore plus difficile d’être de droite et pour la sortie du capitalisme.
Faut-il être clivants pour être ambitieux ?
La position “ni droite ni gauche” d’Équinoxe n’est synonyme ni de centrisme mou, ni de conservatisme réactionnaire. Il serait erroné d’imaginer qu’un compromis politique entre des factions différentes accouche toujours d’un programme peu ambitieux qui laisse le statu quo intact. Repensons seulement à tout ce que le Conseil National de la Résistance a permis de mettre en place : nationalisation d’entreprises clés (création d’EDF), institution des comités d’entreprise, sécurité sociale, etc. Si le CNR a réuni des gens d’horizons politiques différents, leur programme n’en manquait pas pour autant d’ambition. S’ils ont su dépasser leurs clivages initiaux, c’est qu’ils faisaient face à une menace existentielle qui les dépassait.
Il est tout à fait possible d’examiner le programme du CNR et de se demander s’il était de droite ou de gauche. Mais le plus important n’est-il pas de savoir si on y adhère ? Si on y aurait adhéré ? Si on aurait préféré vivre dans une France où ce programme n’aurait pas été appliqué ? De la même manière, vous pouvez lire le programme d’Équinoxe et vous demander s’il est de droite ou de gauche. Mais vous pouvez aussi, simplement, vous demander s’il dessine un futur qui vous paraît désirable.
La ligne d’Équinoxe
Nous n’allons pas réécrire ici le programme dans son intégralité. Mais nous pouvons au moins vous décrire comment nous essayons de travailler. Notre méthode n’a rien de révolutionnaire ; elle est simplement efficace. Puisqu’on ne peut pas traiter efficacement un problème sans être capable de le décrire correctement, nous passons par trois étapes clés.
1. Décrire le monde tel qu’il est, et les problèmes qu’il pose.
2. Imaginer le monde dans lequel nous souhaitons vivre.
3. Proposer des changements permettant de passer du monde que l’on ne veut plus, vers celui que l’on voudrait.
Pour chacune de ces étapes, nous avons la mesure pour objectif, la science pour jumelles et la convivialité pour boussole.
D’abord la mesure, ou la sobriété, car elle est la condition nécessaire d’une société prospère dans la durée. Le monde que nous avons créé, dopé aux énergies fossiles et obnubilé par la croissance, gaspille énormément d’énergie et de ressources, mettant à mal les équilibres terrestres. Retrouvons le sens de la mesure.
Ensuite, la science, non pas vue comme une divinité moderne et salvatrice, mais en tant que méthode pour poser les diagnostics sur l’état de notre monde, et pour juger de l’effet de nos remèdes. Elle implique d’accepter les constats qui remettent en cause nos dogmes, et de faire preuve de nuance sur les sujets complexes. Une science qui nous met en garde tel un phare dans la nuit.
Enfin la convivialité. Synonyme de solidarité, mais aussi d’échange et d’écoute. C’est à la fois un projet de société et une manière de travailler : prise en compte de l’expérience de terrain et des aspirations de chacun, attachement à la vie locale et participation citoyenne. La convivialité qui fait le ciment d’une société où il fait bon vivre.
Science et convivialité : allier la rigueur scientifique et la discussion démocratique, pour avancer ensemble sur des chemins encore non tracés. C’est cela le pragmatisme d’Équinoxe.
Si vous adhérez à cette vision, portez-la avec nous : rejoignez Équinoxe !
Pour adhérer ou devenir sympathisant.
Pour découvrir notre programme.
Pour faire un don (un don de 10€ permet l’impression de 1000 bulletins de vote).