Faut-il faire une « pause sur les réglementations environnementales » ?

Pause sur les règlementations environnementales

Source: Reporterre



Emmanuel Macron l’a annoncé dans son discours du 11 mai sur la réindustrialisation, en appelant à « une pause réglementaire européenne » en matière de contraintes environnementales. Suite à cela de nombreuses voix se sont élevées pour fustiger ces propos. Mais que sous-entendait-il réellement ?

Malgré un discours qui nie les limites planétaires et pose le capitalisme vert comme solution aux enjeux écologiques et de réindustrialisation (c’était le sujet principal), il semble que cette déclaration a été sortie de son contexte. Il était davantage question de mettre en application les réglementations qui sont nombreuses avant de perdre les acteurs à cause d’un trop plein réglementaire.

Venant d’un Président dont la parole ne veut plus dire grand-chose tant il l’a à de très nombreuses reprises trahit («Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas») on peut en effectivement douter de sa sincérité. Cependant rien qu’en France, de nombreuses lois promulguées ne sont toujours pas entrées en application. Ce phénomène dû à l’inflation législative pose de sérieuses questions sur le fonctionnement de nos institutions, puisque environ 30% des lois promulguées ne sont toujours pas appliquées.

Par exemple, les réglementations sur l’usage des pesticides sont bien différentes entre l’Union Européenne et l’Amérique (sur 374 pesticides utilisés aux États-Unis, 72 sont interdits en Europe). Aujourd’hui le Pacte Vert et la Loi Climat sont les deux textes encadrant la démarche environnementale à suivre dans l’UE. Malheureusement ces textes sont seulement des feuilles de route avec des objectifs certes ambitieux mais que peu de pays semblent avoir la volonté d’atteindre.

Pour Équinoxe, cette phrase d’Emmanuel Macron met en abîme la situation actuelle où de nombreux pays critiquent l’inaction de leurs voisins sans regarder la propre distance qu’il leur reste à parcourir. Les français sont particulièrement bons dans ce domaine. On pense bien sûr aux discours sur l’électricité peu carbonée, dont l’existence n’a rien à voir avec une politique environnementale et qui a eu pour effet paradoxal de ralentir le développement des EnR sur le territoire…

Pour rappel, si la France souhaite atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (objectif principal du Pacte Vert), cela implique une division par 6 de l’empreinte carbone. Concrètement, cela suppose de réduire les émissions de la France à 80 MtCO2e contre 458 MtCO2e en 2015 et 445 en 2018. Rappelons que le premier « budget carbone » 2015-2018 a été dépassé. Et qu’au lieu d’accentuer les efforts, le gouvernement a préféré remonter les seuils pour la SNBC 2019-2023, reportant de fait l’effort à accomplir…

Équinoxe comprend la phrase du Président mais souhaite que l’on passe définitivement des mots aux actions.



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