L’origine des COP
En 1992, l’organisation des Nations Unies et ses États membres alertés sur la gravité du réchauffement climatique, décident de prendre des mesures à l’échelle de la planète. Ils se dotent d’une Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, la CCNUCC, point de départ d’une surveillance accrue du changement climatique.
Les COP pour Conférences Of the Parties sont les conférences des États signataires à la CCNUCC. La première COP a eu lieu en 1995 à Berlin. Elle fixe pour chaque pays ou région des objectifs chiffrés en matière d’émission de gaz à effet de serre et de réduction correspondante à atteindre.
Depuis, une COP se tient chaque année. La seule exception concerne la COP 26 reporté d’un an en raison du COVID-19 , elle s’est finalement tenu en Écosse en 2021.
1997 : Le protocole de Kyoto
Ce n’est qu’en 1997 que la COP prend réellement de l’ampleur. Un protocole dit « contraignant » est rédigé, se fixant pour objectif d’encadrer les émissions de CO2. Ce protocole de Kyoto, soumis à ratification, a alors pour objectif de réduire de 5,2% les émissions de gaz à effet de serre planétaires d’ici 2020. L’Union européenne, à titre d’exemple, doit agir pour parvenir à une réduction de 8% de ses émissions.
Mais pour que le protocole de Kyoto puisse entrer en vigueur, il était nécessaire que 55 pays le ratifient. Il aura fallu attendre 5 ans, c’est-à-dire 2002, pour que le protocole soit finalement mis en application, grâce à la ratification de l’Islande.
2015 : L’accord de Paris (COP 21)
L’accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015 et est entré en vigueur le 4 novembre 2016.
Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à la surface de la Terre à un niveau bien inférieur à 2°C, de préférence à 1,5°C, par rapport au niveau préindustriel.
Pour concrétiser cet objectif de température à long terme, les pays visent à atteindre le plus rapidement possible le pic mondial des émissions de gaz à effet de serre afin de parvenir à un monde climatiquement neutre d’ici le milieu du siècle.
L’Accord de Paris est un jalon dans le processus multilatéral de lutte contre le changement climatique car, pour la première fois, un accord contraignant réunit toutes les nations autour d’une cause commune afin d’entreprendre des efforts ambitieux pour lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets.
2022 : la COP 27
Débutant le 7 novembre et devant se terminer le 18 novembre 2022 (elle s’est terminée deux jours plus tard), la COP 27 intervenait dans un contexte où les enjeux climatique sont de plus en plus visibles :
- L’année 2022 a été marquée par une série de catastrophes naturelles – inondations au Pakistan, incendies et méga feux de forêts en France et ailleurs en Europe, sécheresse et famine en Somalie… – tous attribuables au réchauffement climatique.
- La guerre provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie a conduit à une hausse des prix de l’énergie, en particulier celui des hydrocarbures (gaz naturel, pétrole) favorisant en partie le recours aux énergies renouvelables, mais également dans certains cas, le retour au charbon et l’importation massive par voie maritime de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe.
- Les prix de l’alimentation sont montés en flèche, à cause de ceux de l’énergie mais aussi parce que l’invasion Russe en Ukraine a largement perturbé la sécurité alimentaire de nombreux pays.
- La Russie et l’Ukraine sont parmi les 5 principaux producteurs de céréales, huile de tournesols mais aussi engrais agricoles dans le monde. La situation actuelle a eu des conséquences dévastatrices, en termes de hausse des prix et de disponibilités alimentaires, générant de la malnutrition, des famines, des colères sociales et politiques, des migrations.
- Alors que l’agence internationale de l’énergie (IEA) avait calculé en 2021 qu’aucun nouveau projet (autres que ceux existants au moment de l’analyse) d’exploitation d’énergie fossile ne devait être lancé pour rester sous les 1,5°C de réchauffement global, les géants de l’énergie n’ont depuis cessé d’entrevoir de nouvelles possibilités de profits supplémentaires. Ainsi, le français TotalEnergies est mis en cause pour un projet de forages pétroliers et d’oléoduc en Afrique de l’est et pour un projet gazier offshore en Afrique du Sud.
- Les relations entre les États-Unis et la Chine se sont récemment détériorées, notamment suite à la visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, à Taïwan.
- Le choix de l’Égypte pour accueillir cette COP a été contesté, notamment par les défenseurs des droits humains qui dénoncent des violations des droits de l’Homme dans ce pays d’Afrique du nord.
De nombreuses critiques
Depuis leur naissance, les COP ont été vivement critiquées, notamment pour leur insuffisance de résultats. Elles sont en réalité faites pour placer chaque gouvernement devant ses responsabilités. Néanmoins, l’un des problèmes majeurs réside dans le processus décisionnaire des COP. Si l’Accord de Paris est juridiquement contraignant, il est un objectif de résultat et non de moyens.
Et c’est là tout le problème. Chaque État peut promettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050, si un engagement international suivi de fonds d’investissement et d’une feuille de route n’est pas clairement établie, chaque pays pourrait très bien déclarer comme l’avait fait John Kerry, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat nommé par Joe Biden, que « 50% des réductions d’émissions nécessaires pour atteindre la neutralité carbone proviendront de technologies qui restent encore à inventer » … Par ailleurs, les décisions qui sont prises pendant les COP ne le sont pas par des votes majoritaires mais par la règle du consensus. Cette règle est devenue une sorte de véto au service des pays les moins ambitieux. Les récents et futurs aléas de la politique internationale ne présagent donc rien de bon. C’est la raison pour laquelle les COP devraient modifier leurs statuts et inclure comme décisionnaires des acteurs de la société bien plus variés tels que des corps intermédiaires, collectivités locales, entreprises, associations…
La confrontation et la rencontre périodique de ces divers acteurs de la société politique, scientifique et civile, en un même lieu, sous l’égide de L’ONU et le regard critique de l’opinion internationale, est un moment important, riche et certainement très inspirant pour ceux qui ont compris qu’ils ne pouvaient pas en attendre beaucoup de la part des gouvernants. Ces moments privilégiés de rencontres permettent de faire avancer la lutte mondiale contre le dérèglement climatique.
Cette année, l’enjeu premier était d’aboutir à un processus appelé « pertes et dommages « . Un mécanisme de financements dont ont besoin les pays les plus vulnérables face aux pertes économiques et aux dommages irréparables liés au dérèglement climatique. Le problème est que la crise du Covid et la hausse des prix avec la guerre en Ukraine a beaucoup fait débourser aux pays du Nord. Ajoutez à cela des craintes de procédures judiciaires pour les dommages causés par les catastrophes climatiques et nous voilà dans un contexte international peu favorable à une sortie vers le haut de ces négociations.