Le royaume-uni accorde 100 nouvelles licences d’exploitation de gaz et pétrole en mer du Nord

Crédits : Jan-Rune Smenes Reite



Le 31 juillet 2023, Rishi Sunak, premier ministre anglais, s’est engagé à accorder au moins 100 nouvelles licences d’exploitations et d’explorations gazières et pétrolières. Cet engagement a soulevé plusieurs réactions, d’autant plus que moins d’une semaine auparavant, il annonçait dans le journal “The sun”: « Certaines personnes pensent que la meilleure manière de protéger notre environnement est d’abandonner le pétrole et le gaz britannique. Mais ça n’a aucun sens ». 

En quoi cette annonce est à plusieurs égards, problématique ?

Depuis 2021, l’agence internationale de l’énergie appelle à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières et gazières. C’est le seul moyen d’atteindre l’objectif  “zéro émissions nettes” en 20501 pour les pays signataires des accords de Paris. Cette annonce de Rishi Sunak, entre en totale contradiction avec la ligne qu’est censée suivre le Royaume-Uni pour répondre à ses engagements.

Le premier ministre a annoncé que l’ouverture à cette exploitation allait permettre au Royaume-Uni :

  • d’être moins dépendant de la fluctuation des coûts du marché ;
  • d’être moins dépendant de l’approvisionnement perturbé par la guerre en Ukraine ;
  • de limiter “l’instrumentalisation par Poutine de l’énergie, perturbant les approvisionnements et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier”.

Selon Mike Childs des Amis de la Terre Royaume-Uni, cet argumentaire est trompeur. En effet, ces combustibles seront “vendus sur des marchés internationaux, et non réservés à un usage britannique”2. C’est donc le deuxième mensonge du premier ministre dans son argumentaire.

Enfin, Downing Street a annoncé que ces exploitations permettraient de soutenir plus de 200 000 emplois. L’accent a été mis sur deux premiers sites de capture et de stockage de CO₂ en mer du Nord, susceptibles de soutenir jusqu’à 50 000 emplois. Mais ces technologies ne sont pour le moment ni matures, ni efficaces selon Lorette Philippot des Amis de la Terre France. Elles ne visent qu’une partie limitée des émissions et sont surtout très chères. Cet argument est présenté par les grands groupes pétroliers comme une solution miracle : du greenwashing décomplexé.

Cette annonce par le gouvernement anglais intervient dans un contexte tendu au Royaume-Uni, avec une inflation galopante et des salaires qui stagnent. Le parti conservateur joue sur cette corde sensible, arguant que les efforts faits contre le réchauffement climatique par le Royaume-Uni sont la cause des difficultés rencontrées par la population…

Au désespoir d’Équinoxe, ce discours anti-climatique est aussi présent au sein de la classe politique française. Comme cet article de Reporterre le montre bien, des haut-fonctionnaires continuent à tenir ouvertement des discours climato-sceptiques. Si cela vous choque, rejoignez Équinoxe, parti politique où la crise écologique est au cœur des enjeux.



📌 Notes de bas de page :

  1. https://www.lemonde.fr/energies/article/2021/05/18/l-agence-internationale-de-l-energie-appelle-a-ne-plus-investir-dans-de-nouvelles-installations-petrolieres-ou-gazieres_6080549_1653054.html ↩︎
  2. https://reporterre.net/Gaz-et-petrole-le-Royaume-Uni-en-veut-toujours-plus ↩︎


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