Malgré une myriade d’annonces, le chef de l’État n’a pas convaincu les deux tiers des Français (65 %) lors de sa conférence de presse présidentielle la semaine dernière. Pour 62 % de la population, il n’a été ni « à la hauteur des enjeux pour le pays », ni « proche de leurs préoccupations » (66 %).
Les mots ont leur importance et ce n’est pas sans innocence qu’Emmanuel Macron a choisi d’aborder certains thèmes et d’utiliser certaines expressions particulièrement conservatrices voire réactionnaires. Élu pour faire barrage, on observe amèrement que les deux quinquennats du résident de l’Élysée auront été un formidable marchepied (pas le seul certes) à la banalisation des idées d’extrême droite.
Cette prise de parole ainsi que la composition du nouveau gouvernement, semble acter ce virement à tribord toute du Président de la République. De la composition du nouveau gouvernement qui rappelle les années Sarkozy, aux éléments de langage utilisés par le Président lors de son allocution, l’écran de fumée progressiste finit alors de se dissiper.
Quand, après une mise en examen pour viol et des propos abjects face caméra, la première réaction du Président consiste à défendre l’artiste sans dire un mot pour les milliers de victimes qui s’ajoutent chaque année aux statistiques des ministères. Et quand, il n’a ensuite « aucun regret » d’avoir défendu Gérard Depardieu, qui a admis avoir commis « tant de viols, trop pour les compter », quel message laisse-t-il aux Français ?
Quand, il stigmatise les personnes qui ne veulent pas avoir d’enfants ou veulent simplement prendre leur temps. Et quand, il éclipse toute la beauté qu’il y a à donner la vie avec une rhétorique guerrière et utilitariste, sans même aborder les nombreuses causes de la baisse démographique, quel message laisse-t-il aux Français ?
Quand, il parle de « restaurer l’ordre », tout en faisant un usage excessif de la force lors des manifestations (condamné à plusieurs reprises par la communauté internationale) et que son ministère de l’intérieur pratique la garde à vue, non seulement de façon abusive mais aussi de manière préventive. Et quand il gouverne en contournant le Parlement à coups de décrets et de 49.3, et que les casseroles n’ont jamais été aussi nombreuses au plus haut sommet de l’État, on se demande si ce sont bien les mêmes qui promettaient en 2017 l’exemplarité…
Quand enfin, il cite Éric Zemmour pour « que la France reste la France » car « le monde d’hier (celui qu’ils fantasment) est en train de s’effacer », il n’y a plus de place pour le doute.
Parmi les chantiers urgents dont devrait s’occuper un Président digne de ses fonctions et de ses promesses, on aurait pu compter :
- L’école
- L’hôpital
- La mobilité
- La lutte contre la fraude fiscale
- La transition agroécologique
- La transition écologique (réduite à la construction de réacteurs nucléaires)…
Emmanuel Macron aura-t-il finalement employé des mots à même de résonner avec le quotidien des français ? Rien n’est moins sûr, mais une ne chose est certaine : si des millions de kilomètres séparent Jupiter de la Terre, au milieu, il y a surtout du vide.