Agriculture urbaine : l’illusion des fermes verticales ?

Ferme verticale Futura Gaia- Source: Le Dauphiné

Il y a quelques semaines, notre tête de liste pour les Européennes, Marine Cholley, a été l’invitée de Marie Brette dans Extra Local, une émission proposée par Public Sénat. 

Durant cette discussion, un reportage sur la ferme verticale Futura Gaia a été diffusé. 

À la suite de ce reportage, les journalistes ont demandé si les solutions technologiques pouvaient sauver notre agriculture ? 

La réponse de Marine Cholley a mis en évidence les contradictions que représentaient ce type de solutions (économie d’eau mais consommateur de beaucoup d’énergie). Ce type de ferme verticale peut faire écho à la démesure que nous combattons. Une solution ultra technologique, non réplicable à grande échelle et donc la viabilité économique reste à prouver.

Dans cet article, nous allons décrypter les avantages et les inconvénients de ce type de structures en analysant les explications données par le PDG et fondateur, Pascal Thomas dans le reportage. Cela vous permettra de comprendre de façon un peu plus précise, le positionnement d’Équinoxe sur l’agriculture.

Tout d’abord, Mr Thomas explique que ces fermes sont économes en eau (moins de 25L pour du basilic cultivé sur sa ferme au lieu de 330L pour du basilic cultivé en pleine terre). 

⇒ C’est vrai, cette ferme par son avancée technologique permet de faire d’importantes économies en eau en arrosant directement et de manière précise la racine de la plante.

Il explique ensuite que l’environnement étant contrôlé, les pesticides et insecticides ne sont  plus nécessaires. 

⇒ Certes, l’utilisation de pesticides (tel que le glyphosate généralement utilisé en grande culture) n’est  plus nécessaire, mais en contrepartie, les nutriments généralement trouvés dans la terre et la matière organique apportée par la vie du sol (notamment les vers de terre) n’existe plus non plus. Ces minéraux apportés aux plantes sont 100% de synthèse (les quantités sont infimes, mais l’apport n’est pas organique).

Peut-il, comme il le fait, revendiquer d’avoir des « sols vivants » ?
⇒ Ce n’est pas vraiment comme cela que nous qualifierons des boîtes remplies de terreau dans lesquelles sont apportés en goutte à goutte les nutriments. Sans entretien et aide humaine, rien n’y pousserait, pas même de plantes sauvages.

Par ailleurs, il explique que l’énergie nécessaire est apportée par des panneaux solaires.

⇒ Au vu de l’énergie nécessaire pour faire fonctionner une telle structure, on se demande quelle est la surface nécessaire pour délivrer toute cette énergie. En effet, maintenir une salle climatisée à 15°C dans un climat où la température peut monter à 40°C, est consommateur d’énergie (en moyenne quatre fois supérieur à l’agriculture traditionnelle). Les lumières apportées sont aussi très consommatrices en énergie pour pouvoir imiter l’action du soleil auprès des plantes (aucune lumière naturelle ne filtre). Au vu des deux points précédents, si la structure fonctionne seulement aux panneaux solaires, cela veut certainement dire qu’ils prennent une surface au sol importante ce qui peut poser de nouvelles problématiques avec la préemption des terres pour l’utilisation humaine..

Poursuivons sur la surface au sol. Grâce à cette structure (rouleaux superposés les uns aux autres), il serait possible de faire pousser l’équivalent de 33m2 de basilic sur 4m2 au sol).

⇒ Cela serait utile dans les zones urbaines où l’espace est réduit, et où les panneaux solaires pourraient être disposés sur les toits des bâtiments environnants mais cette solution paraît peu utile dans les zones agricoles où l’espace n’est pas le point limitant.

Le fondateur explique enfin, que ces structures pourraient venir complémenter les agricultures traditionnelles (ils livrent clés en main).

⇒ Pour être utile aux agriculteurs, il faudrait que ces structures soient rentables. En effet, il semble que les charges de production sont énormes au vu de la valeur ajoutée des productions (des légumes feuilles seulement). Rappelons que les légumes feuilles ne nourrissent pas.

Voici le témoignage anonyme d’un sympathisant d’Équinoxe, qui a travaillé pour cette structure : “En effet, Futura Gaïa n’est pas rentable. Ils fonctionnent sur des levées de fonds et peinent à trouver un business plan. Ils sont par contre très subventionnés par du financement publique.”

Au vu de l’utilité limitée de cette ferme pour la transition agroécologique et des divers coûts qu’elle implique, il semble préférable que l’argent public soit orienté avec plus de mesure et de recul, surtout en pleine crise agricole…

Nous ne doutons pas que ces structures peuvent avoir leur place dans des grands centres urbains ou dans l’industrie pour produire des principes actifs, mais avant de nous emballer sur leurs belles promesses, gardons en tête qu’elles ne contribueront pas significativement à la sécurité alimentaire, malgré toute l’attention médiatique et la captation de financement publique dont elles bénéficient.

L’agroécologie au service du vivant, comme l’a si bien expliqué Marc André Sélosse lors de son intervention à notre Université de Printemps, voilà ce que nous proposons.

Pour une agriculture permettant la résilience alimentaire, rejoignez nous et votez Equinoxe aux élections Européennes de 2024.


📚 Sources :

Retour en haut