Le sujet brûlant du moment
Voilà l’un des quelques sujets qui a le pouvoir d’éveiller la passion des français, et qui revient à chaque épisode caniculaire.
Fin juin, ce sont Marine le Pen (RN) et Marine Tondelier (EELV) qui se sont affrontées à coup de tweets sur ce sujet. La première défendant un “grand plan d’équipement pour la climatisation”, la seconde moquant la mesure et rétorquant qu’il fallait prendre le sujet du changement climatique dans sa globalité.
Mais alors chez Équinoxe, sommes nous pour ou contre la climatisation ? La réponse va vous surprendre, mais nous sommes plus nuancés.
Commençons par les faits
Aujourd’hui en France, 25% des logements et plus de 80% des commerces sont équipés d’une climatisation. Un chiffre à nuancer car une majorité des climatisations individuelles sont en réalité mobiles et peu performantes.
Le marché de la climatisation connaît une forte croissance, surtout dans le sud de la France, poussé par la multiplication des vagues de chaleur.
On constate une véritable inégalité d’accès à la climatisation : 37% des cadres en disposent chez eux contre seulement 19% des chômeurs et des inactifs. En effet, l’installation d’une climatisation fixe et performante peut coûter entre 2 000 et 15 000 euros (et il faut être propriétaire de son logement).
En outre, le surplus de consommation d’électricité peut atteindre plusieurs dizaines d’euros par mois. D’autant plus dans une passoire thermique.
Et pour la planète ?
Du côté purement environnemental, la climatisation était responsable de 5% des émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment en 2021 en France.
Ces émissions sont bien plus faibles que celles d’autres pays. Cela s’explique par une plus faible couverture (90% des bâtiments des États-Unis sont équipés d’une climatisation) et par notre mix électrique, particulièrement bas carbone grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables (96% de la production en 2024).
Cependant des climatisations mal entretenues peuvent relâcher des fluides frigorigènes, des gaz à effet de serre extrêmement puissants. En outre, elles peuvent contribuer à l’ilôt de chaleur dans les villes très denses et réchauffer l’air ambiant dans les rues canyons.
La climatisation n’est pas la solution à privilégier…
Les canicules sont amenées à se multiplier dans les prochaines décennies, et il va falloir se préparer à y faire face. En effet, la chaleur peut tuer, en particulier les plus fragiles. Elle peut aussi nuire gravement à l’apprentissage, à la productivité et à la qualité de vie.
Déjà, rappelons qu’il est urgent et indispensable de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de changer nos comportements, afin d’atténuer les vagues de chaleur dans le futur.
Ensuite, pour s’adapter, il convient de privilégier des solutions « low tech » : la création d’espaces verts, de plans d’eau et de revêtements réfléchissants, la plantation d’arbres, l’isolation des bâtiments, la ré-installation de volets ou encore l’adaptation de nos horaires de travail. Des solutions simples et éprouvées par le temps.
… mais elle est parfois nécessaire
Cependant, dans certains cas, la climatisation est nécessaire et défendue par Équinoxe. Ainsi, à court terme, nous soutenons l’installation de la climatisation (et de purificateurs d’air) dans les hôpitaux et les EHPAD, ainsi que dans les écoles les plus affectées par la chaleur. En cas de canicule, il convient aussi d’ouvrir des salles réfrigérées à destination des publics les plus fragiles.
Nous encourageons aussi à plus de sobriété sur l’utilisation de la climatisation, au même titre que pour le chauffage en hiver, afin d’en limiter les effets négatifs.
À moyen et long terme, il convient d’anticiper l’augmentation du nombre de clim individuelles, car les particuliers vont continuer de s’équiper.
Déployer la climatisation avec mesure, réduire ses impacts
Il est ainsi nécessaire d’accélérer les rénovations thermiques, en particulier des écoles, de privilégier l’installation de PACs réversibles (lorsque c’est possible), qui font baisser la consommation de chauffage en hiver, de développer les réseaux de froid, comme ce qui existe à Paris, Strasbourg et Lyon, et de s’assurer du respect de la réglementation européenne qui doit progressivement interdire les climatisations les plus polluantes.
En somme, Équinoxe n’est pas contre la climatisation. Mais nous savons que la meilleure des solutions, c’est de ne pas reposer sur une seule d’entre elle pour plus de résilience. La climatisation nous rend dépendants de l’approvisionnement électrique, qui peut parfois être défaillant (et plus il fait chaud, plus le risque de panne est élevé).
Sources
Le Figaro. Canicule : la chaleur fait flamber la consommation d’électricité, 30 juin 2025.
Vincent Viguié, Aude Lemonsu et al (IOP Science). Early adaptation to heat waves and future reduction of air-conditioning energy use in Paris, 2 juillet 2020.
Joshua Goodman et al (SSRN). Heat and Learning, 25 mai 2018.
Alexandre Florentin et Maud Lelievre (Conseil de Paris). Mission d’information et d’évaluation Paris à 50°C, avril 2023.
Le Point. Climatisation en France : quand l’idéologie tue, 1er juillet 2025.
Le Figaro. La climatisation aggrave-t-elle le réchauffement climatique ? 4 juillet 2025.
TF1 Info. Un quart des ménages français équipés de la climatisation : un chiffre qui cache des inégalités, 1er juillet 2025.




