Constats

Urgences

• Selon le Conseil national de l’ordre des médecins, 21 millions de personnes se rendent aux urgences tous les ans, soit le double d’il y a 20 ans alors que la population française n’a augmenté que de 11% depuis les années 2000.
• 1 patient sur 4 arrive aux urgences avec un motif qui n’a pas de caractère d’urgence. 

Défis à venir

• Selon le Conseil national de l’ordre des médecins, en 2050 5 millions de Français auront plus de 85 ans dont 20% en état de dépendance, contre 1,4 million dont 20% en état de dépendance aujourd’hui.
• Le secteur de la santé fait face à de nouvelles contraintes, telles que la difficulté pour les professionnels de santé à absorber l’explosion des connaissances et la révolution numérique, l’augmentation des besoins d’accompagnement en fin de vie et l’affirmation des droits du malade. [Rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques de 2012]

Conditions de travail

• De nombreux jeunes médecins sont en situation de souffrance (25% en état de santé moyen ou mauvais), particulièrement les étudiants en second cycle, conduisant certains à prendre des psychotropes. [Rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques de 2012]
• Le temps de travail déclaré excède les 48h hebdomadaire chez 56% des internes, ce qui peut induire de l’isolement et dégrader la santé mentale. [Rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques de 2012]
• Une peur des violences verbales ou physiques existe parmi les médecins qui exercent le soir (20h-00h) dans des maisons médicales surchargées. [Syndicat des médecins libéraux]

• 1/3 des soignants sont stressés et épuisés (charge de travail, lourdeur de l’administration, manque de reconnaissance, exigence accrue des patients, manque de ressources exacerbé depuis le covid19), ce qui entraîne un absentéisme de l’ordre de 10% [Etude Drees 2023][groupe SHAM][Enquête FHF]
• 43% des infirmiers et infirmières ne savent pas si elles resteront dans le système de santé dans 5 ans. 1 sur 2 a déjà quitté l’hôpital après 10 ans de carrière  [Ordre des infirmiers 2020] [Etude Drees Juillet 2023]
• 60 000 postes sont vacants pour les infirmiers et infirmières dans les hôpitaux. [Syndicat National des Professionnels Infirmiers]
• Les TMS (trouble musculo-squelettique) représentent plus de 90% des maladies professionnelles des professionnels de santé. Par an, cela représente 2,3 millions de jours de travail perdus.
  Le taux de lombalgie (douleur intense dans le bas du dos) du secteur de la santé est supérieur à celui du BTP. [Assurance Maladie]

Tarification, charge administrative et consultations

• D’après le rapport de la FHF (Fédération hospitalière de France) de 2018, la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique) et l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) de 2019, la tarification à l’activité a des effets pervers : il a été observé une dégradation de la relation patient/médecin et une sélection des patients considérés comme « rentables ».
• Certains médecins soulignent une surcharge administrative et demandent des assistants médicaux. 22 à 33% du temps de travail des généralistes est consacré à des tâches non médicales : gestion des dossiers patients, les courriers, la rédaction des certificats, les arrêts de travail, les prises de RV, les commandes de produits, la comptabilité, l’informatisation, le lien avec les CPAM et l’ARS.
• 27M de consultations n’ont pas été honorées par les patients en 2022 selon une estimation de l’association des médecins libéraux de l’Union régionale des professionnels de santé d’Ile-de-France (URPS-IDF).

Aspirations

• Le personnel de santé est en toute possession de ses moyens physiques et psychologiques pour une proposition de soins maximale.
• Le système de santé (ville et hôpital) est en capacité de gérer tous les patients avec l’attention dont ils ont besoin.

Propositions

• Compte-tenu des fortes mutations du système de santé ces dernières années, et de la souffrance au travail du personnel de santé, promouvoir la démarche QVT (qualité de vie au travail) avec de vrais moyens dans les établissements de soins au bénéfice du personnel, des patients et des établissements.
• Mettre en place un suivi de la santé de l’ensemble des professionnels de santé et des étudiants sous l’égide d’une instance interministérielle avec un comité de pilotage (indicateur sur la santé des professionnels et étudiants, suivi annuel) rassemblant des représentants de l’ensemble des acteurs. Encourager les recherches et les études dans ce domaine.
• Intégrer un module dédié à la santé des professionnels dans les formations initiales et continue.
• Développer l’utilisation de la robotisation et d’exosquelettes pour soulager le personnel de santé (comme au Japon, en Allemagne, ou en Belgique)
• Renforcer la numérisation avec des sonnettes intelligentes, réorganiser la logistique pour réduire les déplacements au sein des services.
• Mutualiser les vacataires entre les établissements pour réduire l’impact d’un personnel malade.
• Proposer plus de navettes pour faciliter le déplacement du personnel vers le lieu de travail (à la façon d’un ramassage scolaire adapté à des employés), proposer un système de garde d’enfants proche de l’hôpital et la mise en place de conciergeries.
• Proposer aux étudiants et jeunes médecins un compagnonnage dans leur apprentissage.
• Augmenter les effectifs, ainsi que la rémunération des soignants en particulier les infirmiers et aides soignants.
• Renforcer la coordination entre les services pour assurer une meilleure utilisation du personnel aujourd’hui disponible.